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PANEL : FAUT-IL ENVISAGER LA LUTTE CONTRE LE PALUDISME AVEC LES MOUSTIQUES GENETIQUEMENT MODIFIES ?

FIAN BURKINA FASO, en collaboration avec les associations Terre à vie et AfriTap, ont organisé le samedi 20 mai 2023 dans la salle de conférence du Conseil Burkinabè des Chargeurs (CBC), un Panel intitulé : « FAUT-IL ENVISAGER LA LUTTE CONTRE LE PALUDISME AVEC LES MOUSTIQUES GENETIQUEMENT MODIFIES ? ».

Apres le discours d’ouverture de la Présidente du Conseil d’Administration de FIAN Burkina Faso, les travaux ont portés sur des interventions de haut niveau avec des spécialistes de la question. Ce rapport synthétique résume l’essentiel de ces interventions.

Avant de passer la parole aux experts, M. Ali TAPSOBA, de l’association Terre à Vie, a fait l’état des lieux des organismes génétiquement modifiés (OGM) au Burkina Faso. A cet effet, il a établi un constat général sur les OGM avant de s’appesantir particulièrement sur le « projet Target Malaria » en faisant ressortir les trois (03) phases dudit projet ainsi que les actions des OSC qui se traduisent par les meetings, les campagnes de sensibilisation et des rencontres avec des personnalités publiques et des leaders communautaires. Il a conclu avec un sentiment d’inquiétude sur le fait que le Burkina Faso ne devienne un laboratoire à ciel ouvert.

A la suite de M. Ali TAPSOBA, les communicateurs se sont succédés dans le développement des thèmes qui leur étaient destinés. Les différents points centraux des communications portaient sur la place des biotechnologies au Burkina Faso, le cadre règlementaire ainsi que les conséquences de leur mise en œuvre sur les populations et l’écosystème.

D’abord, le Docteur Omar TRAORE, Directeur de recherche à l’ANB, qui a animé le Panel portant sur : « Réglementation, éthique et principe de précaution en matière d’activités biotechnologiques », a donné une définition de la biotechnologie dont l’avènement du génie génétique en est la base. Tout en précisant le risque que présentent les biotechnologies sur la santé humaine, animale et végétale, M. TRAORE a évoqué les textes internationaux, régionaux et nationaux qui régissent les biotechnologies avec pour point de départ le Protocole de Cartagena adopté en 2000 et entré en vigueur en 2003. Le cadre institutionnel est dominé par l’Agence Nationale de Biosécurité (ANB) dont le rôle est essentiellement de veiller à l’application des textes et d’examiner et autoriser les demandes. Pour le communicateur, le succès de la veille citoyenne passe par une bonne application des mesures de biosécurité, et un cadre aménagé de dialogue et de communication entre les différents partenaires. C’est ainsi que M. Ange MILOGO, Procureur du Faso, en se prononçant sur le même thème, est revenu sur le Protocole de Cartagena qui précise que pour la mise en œuvre d’une activité de biotechnologie, une procédure d’accord préalable est établie en connaissance de cause entre l’ANB et la structure porteuse de l’activité. Des voies de recours administratifs et juridictionnels existent et permettent donc de sanctionner les manquements à ces règles. A sa suite, le Pr Jacques SIMPORE, Biologiste Moléculaire, lui-même, qui a développé le thème portant sur : « Ethique et principe de précaution dans les activités biotechnologiques », a apporté une définition de l’Ethique tout en précisant que les possibilités offertes par les biotechnologies sont fascinantes mais il faut reconnaitre qu’elles sont porteuses de risques potentiels. En posant des questions sur les limites éthiques des manipulations ainsi que les conséquences qui peuvent en découler, le communicateur s’est demandé si tout ce qui est techniquement faisable était éthiquement acceptable. Dans sa conclusion, le Professeur a mis en garde les différentes parties en reconnaissant que quel que soit les précautions prises par les chercheurs, ils n’obtiendront jamais le risque zéro dans leurs recherches en biotechnologie moderne.

Ensuite, le Panel 2 qui a porté sur « Les implications du forçage génétique : quelle alternative pour le paludisme ? », a connu l’intervention du Dr TCHIGOSSOU Geneviève, Entomologiste  moléculaire, qui s’est prononcée particulièrement sur « les possibles applications du forçage génétique » objet du sous thème 4. Dans ses propos, la communicatrice rapporte qu’on dénombre plus de 247 millions de cas de paludisme dans le monde avec plus de 90% en Afrique dont malheureusement environ 622 000 décès en 2022. Tout en citant les moustiquaires, les insecticides et autres moyens et méthodes de luttes contre le paludisme, elle a établi en même temps l’inefficacité desdites méthodes qui invitent à la nouvelle méthode qu’est l’impulsion génétique. Cette dernière qui s’effectue en trois étapes à savoir la reconnaissance, le clivage et la réparation laisse voir deux façons différentes de manipuler les gènes. Le risque lié au lâcher des moustiques manipulés étant irréversible, l’experte précise qu’il est convenable d’asseoir un véritable cadre de dialogue entre les différentes parties. Alors, développant le thème sur « Les dangers de l’utilisation du forçage génétique pour l’homme et les écosystèmes », Pr Irina VEKCHA, Professeure de Génétique, a précisé que le forçage génétique est une branche de l’édition du génome avant d’établir qu’il existe deux (02) types de forçages génétiques à savoir la modification des propriétés des individus d’une part et la suppression de la population d’autre part. Suivant une approche réductionniste et mécaniste, la communicatrice a démontré que les solutions technologiques qui sont souvent appliquées trop rapidement ont causé plus de problèmes qu’elles n’en n’ont résolus.

Les différentes présentations des panelistes ont suscité des discussions intéressantes au sein des 300 et quelques participants. Tout compte fait, il convient de retenir que la mise en œuvre des activités biotechnologiques ou de manipulation génétique, doit se faire dans le respect du principe de précaution avec des considérations d’éthique.

 

FIAN BURKINA FASO

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