FIAN-Burkina (Food First Information and Action Network, Burkina), cette ONG qui lutte pour le droit à l’alimentation, a lancé ce 4 mars 2016 à Ouagadougou, l’Observatoire 2015 du droit à l’alimentation et à la nutrition. Au cours d’un atelier, l’étude sur le point de vue des femmes quant à l’impact de l’exploitation minière à Essakane sur le droit à l’alimentation a également été présentée.
L’alimentation est un droit. Et c’est le cheval de bataille de FIAN-Burkina. Chaque année, FIAN-Burkina et ses partenaires publient un observatoire du droit à l’alimentation et à la nutrition. Un ouvrage qui se veut un outil de plaidoyer auprès des décideurs pour le respect de ce droit humain fondamental.
De l’avis du coordonnateur de FIAN-Burkina Faso, Lucien Silga, il s’agit de sensibiliser les autorités publiques, les décideurs sur la nécessité de tenir compte des intérêts du monde paysan, des pêcheurs dans Les politiques agricoles. « Généralement ces politiques contribuent à précariser ces groupes par rapport à leur droit à l’alimentation ».
Et de poursuivre que depuis 2009, l’ONG accompagne les paysans qui ont été dépossédés de leurs terres et du droit d’accès aux ressources naturelles. « FIAN-Burkina Faso, appuyé par FIAN international et par FIAN Belgique, a réussi à faire entendre la cause de la communauté d’Essakane par le gouvernement. Grâce à des actions conjointes, des programmes de réparation sont en cours d’exécution pour remédier aux préjudices subis par la communauté à cause de l’exploitation minière », a noté pour sa part Valérie Soma, présidente de FIAN-Burkina Faso.
L’exploitation de l’or affame les populations locales
« Quand les sociétés d’exploitation minière viennent, elles prennent les champs, les zones de pâturages, les sites d’exploitations artisanales », clame le représentant des communautés vivant sur les sites miniers au Burkina Faso, Talatou Boukari.
Cette année, la publication de l’Observatoire 2015 du droit à l’alimentation et à la nutrition a été couplée avec la présentation d’une étude intitulée, « Le droit humain à l’alimentation adéquate et à la nutrition des femmes et des enfants des communautés affectées par l’exploitation minière et le déplacement à Essakane au Burkina Faso : Le point de vue des femmes quant à l’exploitation minière sur le droit à l’alimentation ».
C’est une étude, qui de l’avis des responsables de FIAN-Burkina, s’est voulue scientifique, à travers des données récoltées auprès des femmes affectées par l’exploitation minière de la société. « On a interviewé une soixantaine de femmes sur leur point de vue à propos de l’activité minière menée par Essakane, l’impact de cette exploitation sur leur accès à une nourriture. Elles ont dit que le déplacement occasionné par l’exploitation minière a impacté négativement sur leur accès à la nourriture. Les terres sur lesquelles elles ont été relogées n’étant pas des terres fertiles. En plus, il n’y avait pas d’eau potable dans les nouvelles zones ».
Grace aux actions menées par l’ONG qu’elle préside au Burkina, Valérie Soma se réjouira toutefois que des actions concrètes soient déjà visibles, même si le bout du tunnel est encore loin. « Des pompes ont été installées par la société d’exploitation minière IAM-Gold, mais ce n’est pas encore suffisant. On est toujours en train d’accompagner ces communautés afin que leurs droits soient rétablis par la société minière (…). Le droit à la santé a été également impacté négativement parce que sur les sites d’accueil, il n’y a pas d’infrastructures sanitaires à côté », a renchéri la présidente de FIAN-Burkina.
La longue marche contre la faim
L’atelier a également marqué le lancement de la caravane Terre, Eau et Semences paysannes en Afrique de l’ouest. La convergence des luttes pour la terre et l’eau en Afrique de l’ouest organise une caravane sous régionale qui est partie de Ouagadougou ce 4 mars, qui sillonnera le Mali, le Sénégal, pour prendre fin à Dakar. L’objectif étant d’influer les décideurs à adopter des législations sur le foncier, l’eau et autres ressources naturelles, bénéfiques à la population locale.
A la fin du périple, une plateforme sera remise au président de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO afin que les gouvernements ne laissent pas tout aux multinationales au grand dam des populations locales qui n’ont que leurs terres comme seule richesse.
Tiga Cheick Sawadogo (tigacheick@hotmail.fr)
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