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Atelier de vulgarisation de la déclaration des Nations-Unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales, au Burkina Faso/Centre-Sud Manga.

Le 30 septembre 2020 a eu lieu à Manga, chef-lieu de la région du centre sud, dans la salle de réunion de la Direction régionale de l’agriculture et des aménagements hydrauliques, un atelier de vulgarisation de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP), au Burkina Faso. Cet atelier a été organisé par FIAN Burkina Faso et était destiné aux services techniques, aux autorités et aux organisations paysannes œuvrant dans la région du centre-sud. L’objectif de cet atelier était d’une part à sensibiliser les paysan-ne-s et les organisations paysannes sur leurs droits inscrits dans l’UNDROP afin de recueillir des idées pour définir une stratégie de plaidoyer pour leurs reconnaissances. D’autre part, il visait à informer les autorités étatiques sur les droits reconnus dans l’UNDROP et faire le plaidoyer sur la nécessité de les mettre en œuvre.

La cérémonie d’ouverture a été présidée par Mme BORO Aminata, Conseillère technique, représentant Mme la Gouverneure de la région du Centre-sud. Dans son allocution la représentante de la Gouverneure du Centre-sud a souhaité la bienvenue à tout-e-s les participant-e-s à l’atelier de vulgarisation de l’UNDROP adoptée le 17 décembre 2018. Elle a salué l’initiative de FIAN Burkina Faso pour cette vulgarisation des droits des paysan-e-s et le choix porté sur la Région.

1. Présentation de FIAN Burkina Faso

On retient de la présentation de Mme SOULAMA que les méthodes d’action de FIAN Burkina Faso sont :
– travail basé sur les principes de droits humains, en particulier la non-discrimination, la participation, la transparence, la responsabilité, l’autonomisation et la dignité humaine ;
– recherche et documentation des allégations de violation de droit à l’alimentation et des droits connexes et procéder aux dénonciations après une analyse juridique approfondie ;
– accompagnement à leur demande des victimes de violation des DESC (Droits économiques sociaux et culturels) pour le rétablissement de leurs droits auprès des autorités compétentes ;
– promotion des droits humains en général et le droit à une alimentation adéquate et nutrition à travers des ateliers de formation et de sensibilisation ;
– contribution au renforcement des instruments juridiques existants et au développement de nouveaux instruments internationaux et nationaux de protection des droits humains.
En ce qui concerne les axes d’intervention, il ressort que FIAN Burkina Faso travaille actuellement sur deux axes principaux.
Axe 1: Soutien aux communautés victimes de violations des droits économiques sociaux et culturels ;
Axe 2: Promotion des droits des paysans.

2. Présentation de la déclaration de l’ONU sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP)
Le Coordonnateur de FIAN Burkina Faso a donné la quintessence de l’UNDROP comme suit :

– Genèse de la déclaration
– Le processus de la déclaration
– Le contenu de la déclaration
– La portée de la déclaration
– Les perspectives

Suite aux différentes présentations qui ont donné lieux à des échanges entre la structure organisatrice et les participants, on retient in fine que :
-Sur la non-discrimination
Plusieurs participant-e-s surtout les femmes ont soulevé la difficulté d’accès des femmes à la terre dont les raisons selon elles sont : l’ignorance des droits, les pesanteurs socio-culturels, la peur des femmes, le manque de moyens financiers, la non reconnaissance du mariage coutumier ou religieux, le manque d’analyse approfondie sur la question. La représentante de la direction régionale en charge de l’agriculture a donné des chiffres qui attestent cet état de fait. Par exemple, les demandes des femmes pour les attestations de possession foncière représentent 64,61 % dans la région du centre-sud. Cependant pour les demandes ayant abouti, la part des femmes est de 16%.

-Sur le droit à la terre
Les participants ont souligné l’accaparement des terres par les sociétés minières. Tandis que l’exploitation minière est une activité ponctuelle, l’agriculture est plutôt durable. Mais le gouvernement a décidé de promouvoir le premier. Les participants s’interrogent donc dans l’hypothèse où les terres servant à l’exploitation minière venaient à être restaurées, pourraient-elles être utilisées pour l’agriculture ?
Le coordonnateur de FIAN Burkina Faso a fait comprendre que cette préoccupation est partagée par les acteurs de la société civile qui œuvrent pour la création et la mise en œuvre du fonds minier de développement local avec la dernière révision du code minier en 2015. Cela va permettre de réduire les effets néfastes de l’exploitation minière sur les conditions de vie des populations qui en sont affectées. En plus, la plupart des sociétés minières sont des multinationales étrangères dont leurs bénéfices sont rapatriés dans leur pays d’origine.
L’une des difficultés de l’accès à la terre est la non mise en application de la loi n°034-2009/AN portant régime foncier rural par l’Etat. Les raisons de cette non mise en application sont liées :
– au manque de moyens financiers car sa mise en œuvre par l’Etat couterait la somme de 16 milliards de FCFA. L’Etat espère le soutien de partenaires pour sa mise en œuvre. Ce n’est que dans les communes dans lesquelles le Millénium Challenge Account (MCA) est intervenu que les services fonciers fonctionnent correctement ;
– aux insuffisances même de la loi. En effet, les textes ne sont pas clairs. FIAN Burkina a alors profité pour demander aux services techniques de mettre à sa disposition ces incohérences qui ont fait l’objet d’un atelier récent ;
– à la méconnaissance de cette loi par les acteurs ruraux ; ce qui freine sa mise en œuvre.

-Sur le droit aux semences
La rareté ou la disparition de certaines variétés agricoles a été soulignée par les représentant-e-s des organisations paysannes. Il est vrai que la recherche a tenté de résoudre certains problèmes de production à travers des semences dites améliorées (cycle court, productivité élevée) mais, les semences demeurent les plus résilientes et constituent la base même de la recherche. Il faut donc les sauver de la disparition et protéger la biodiversité.
 Axes stratégiques de plaidoyer
– Sensibiliser sur l’accès des femmes à la terre et son important rôle pour la production alimentaire et le bien-être de la famille auprès de chefs coutumiers ;
– Sensibiliser les familles en faveur de l’héritage foncier des femmes ;
– Privilégier les attestations de mise en valeur temporaire à renouveler chaque cinq (05) ans pour les groupements paysans des femmes.
– Organiser des foires agro-sylvo-pastorales pour encourager les échanges sur les questions des semences paysannes.

L’atelier du 30 septembre 2020 a été l’occasion pour FIAN Burkina Faso d’une part de sensibiliser les paysan-ne-s et les organisations paysannes sur leurs droits inscrits dans la déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales. Cela a permis de recueillir des idées pour définir une stratégie de plaidoyer pour la mise en œuvre de l’UNDROP. D’autre part, l’atelier a permis d’informer les autorités nationales sur les droits reconnus dans l’UNDROP et les sensibiliser sur la nécessité de les mettre en œuvre. La présentation de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysan-ne-s et des autres personnes travaillant en zones rurales a porté sur son historique, son contenu ainsi que sa portée et sur ses perspectives. Au cours de cet atelier, FIAN Burkina Faso a également fait la situation de mise en œuvre des droits reconnus dans la déclaration de l’ONU par rapport à la législation burkinabè et a enfin relevé les insuffisances des droits actuellement reconnus aux paysans dans la législation Burkinabè pour leur mise en œuvre effective. L’atelier a, pour finir, servi de plateau à FIAN Burkina Faso afin de recueillir des informations supplémentaires par rapport aux difficultés auxquelles sont confrontées le monde rural au Burkina Faso.

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